Le manager bienveillant

Qu'est-ce qu'un manager bienveillant ? Le manager bienveillant semble être une nouvelle mode particulièrement séduisante. Décortiquons le sujet.

Le manager bienveillant
Photo de Rod Long

Du latin benevolentia : disposition à vouloir du bien, dévouement, de benevolens, qui veut du bien, bienveillant, dévoué, favorable.

Bienveillance : Disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui (Larousse).

A la lecture de la définition et de l'étymologie du mot, nous comprenons facilement que c'est une forme de sentiment positif a priori, à l'égard de quelqu'un, sans que cette personne n'ait nécessairement besoin de faire quelque chose pour nous.

Le manager, ce connu-méconnu

De nombreuses personnes s'interrogent sur ce qu'est un "manager bienveillant" alors que le seul terme de "manager" leur est souvent inconnu.

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Le manager est l'individu, homme ou femme, recruté par une entreprise sur une fonction opérationnelle ou stratégique dans l'objectif d'être le garant, le responsable de la performance du service ou de l'unité dont il ou elle est en charge.

La notion, contractuellement clé pour le manager est la performance de l'équipe.

Pourquoi clé ? Car c'est précisément sur ce point-là qu'il sera, à son tour, évalué en fin d'année par son propre management.

Rappelons au passage, et si besoin, les cinq missions du manager que donne Henri Fayol en 1916 dans son livre "Administration industrielle et générale" : prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler.

Les choses étant posées du côté du manager, venons-en au manager bienveillant.

La bienveillance est avant tout une valeur. Comme toute valeur, elle est personnelle et individuelle, ce qui veut dire que c'est l'individu qui est bienveillant. En d'autres termes, le manager bienveillant est bienveillant avant d'être manager. Aussi, si l'entreprise veut se doter de managers bienveillants, qu'elle recrute des individus bienveillants et qu'elle en fasse des managers.

L'inverse est une tâche plus ardue.

Allons plus loin. L'entreprise qui souhaiterait se doter de collaborateurs bienveillants, devra posséder, dans son ADN, la valeur bienveillance. La réflexion se poursuit car il sera également important de s'interroger sur la traduction de cette valeur, dans les opérations courantes de la structure.

Qu'est-ce qui, dans les actions quotidiennes, les prises de décision, que ce soit vis-à-vis des parties prenantes internes ou vis-à-vis des parties prenantes externes, traduit cette bienveillance.

La bienveillance, comme toute autre valeur, ne peut exister dans une entreprise que si elle répond à l'alignement des planètes, depuis l'impulsion de la part des fondateurs ou dirigeants, jusqu'au centre opérationnel en passant par les managers stratégiques et opérationnels qui en seront les relais.

En somme, demander à un manager d'être bienveillant dans une entreprise au sein de laquelle la bienveillance n'est pas valeur centrale, revient à demander à un manager d'être courageux au sein d'un groupe dans lequel le courage n'est pas une une valeur partagée, impulsée et insufflée par l'organisation.

C'est un non-sens comportemental au niveau managérial, car il est question d'une valeur qui ne trouve pas sa source dans les organes de direction et qui ne peut donc pas être redistribuée sur le reste des équipes.

Poussons encore. La bienveillance, pour être parfaitement exploitée, doit trouver son écho. C'est à dire qu'un manager bienveillant qui serait à la tête d'une équipe malveillante ne pourra jamais instaurer un climat de bienveillance pleine et complète.

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Une valeur portée par un seul individu s'écrasera contre la masse de ceux qui ne l'auraient pas acceptée.

Bienveillance et exigence, l'éternelle rengaine

Mea culpa.

C'est un argument que, moi-même, je mobilise lors de mes prises de position sur LinkedIn notamment, lorsque je veux rétablir, très (trop ?) rapidement, une once de vérité et de réalité sous certaines publications niaises relatives à la bienveillance.

Les travaux de Blake et Mouton expliquent ceci d'une manière très intéressante avec la grille des cinq styles de management. Je ferai un article complet sur ces derniers et la manière dont vous pourriez les utiliser dans votre management quotidien.

L'idée de faire co-exister la bienveillance et l'exigence est intéressante en soi, toutefois, la mécanique est la même. Chaque fois qu'une nouvelle valeur est rajoutée au sein d'une équipe, la mécanique de questionnement s'enclenche : cette valeur est-elle portée par l'organisation ? Comment est-elle traduite au quotidien ? etc...

Au final, coller systématiquement l'exigence à la bienveillance, pourquoi pas, à la condition que l'exigence soit elle aussi une valeur acceptée par l'équipe.

"L'homme supérieur est celui qui a une bienveillance égale pour tous, et qui est sans égoïsme et sans partialité."
Confucius

Il conviendra également au manager de trouver une traduction comportementale et opérationnelle stricte à cette notion au sein de ses équipes. L'objectif étant de ne pas entrer en interprétation systématique car, nous le savons, il y a autant d'avis que de personnes. Faire de cette bienveillance un outil vers la performance sans jamais tomber dans une gentillesse naïve qui propulserait instantanément la relation manager-subordonné sous l'égide du paternalisme (au sens de l'Analyse Transactionnelle).

Management bienveillant et "hors contrat"

La bienveillance n'est devenue une valeur reine que dans la bouche de ceux qui s'en font les défenseurs et l'ultra conversation à son sujet ne lui confère aucune supériorité sur les autres valeurs et qualités attendues d'un manager.

Il me semble que le fait que le terme de bienveillance soit sur toutes les lèvres et sa sur-médiatisation sur les réseaux sociaux, viennent principalement du fait que de nombreuses personnes sont intéressées par ce que j'appelle le "hors contrat" de la fonction managériale.

Le "hors contrat" du manager rassemble toute la partie, par définition non-formalisée. A savoir, l'éducation civique minimum qui est attendue, la politesse, le respect des individus, la manière dont il engage ou communique avec ces derniers.

L'idée subtile à saisir ici réside dans la compréhension que toute cette énergie informelle ne vient pas se heurter à la première énergie, celle du contrat, et n'entre pas en contradiction avec les cinq missions du manager, de Fayol énoncées plus haut.

Tous mes vœux de succès

Olivier KAMEL


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